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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

pénible sacrifice de vendre une vigne pour se mettre en état de payer cette pension.

La faiblesse de Napoléon pour l’aristocratie remontait au salon de madame du Colombier (raconté par le général Duroc). C’est là que Napoléon, qui n’avait trouvé qu’une éducation fort imparfaite quoi qu’on en ait dit, dans les écoles militaires de Brienne et de Paris, puisa la plupart de ses opinions sur les sujets étrangers aux mathématiques ou à l’art militaire. Quelle différence pour la France et pour lui, si à Valence il avait lu Montesquieu ! L’empereur ne vit jamais que du désordre, de la sottise ou de la rébellion dans les opérations d’une assemblée délibérante. Son génie exécutant n’y vit jamais une source de légitimité pour la loi. Son admirable conseil d’État ne délibérait pas, il donnait des consultations sur le meilleur moyen d’exécuter une chose arrêtée dans la tête du premier consul.

Je vois l’église de Saint-Appollinaire rebâtie en 1604, le buste de Pie VI, et le tombeau de la famille Mistral (nom de mauvais augure en ce pays). La maison de M. Aurel est un curieux monument de l’architecture du quinzième siècle ; le peuple aime beaucoup les quatre énormes têtes de la façade qui représentent les quatre vents.