Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/360

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
321
RÈGNE DE LOUIS-PHILIPPE

lui rendre la dîme (laquelle a été remplacée par de nouveaux impôts perçus par l’État). Il refusait d’enterrer les acquéreurs des biens nationaux, etc. On ne se résignait point, grâce aux chansons de Béranger et aux proses de Courier. On sentait qu’il y aurait combat, et chacun songeait à avoir un petit trésor.

La prospérité publique n’a pris tout son élan que depuis 1830, et plus particulièrement depuis qu’il est bien clair que le peuple de Paris, le représentant naturel de la France, ne veut plus se mettre en colère. Où sont les abus criants qui pourraient l’irriter ? Qu’y a-t-il à changer à notre constitution ?

On jouit enfin depuis 1830 des réformes introduites par Sieyès, Mirabeau, Carnot et les autres grands hommes de 1792 ; si la France lisait les calomnies qu’on entasse sur leur mémoire, là se trouverait la seule cause actuelle d’inquiétude.

Les conseils généraux donnés à l’élection sont un grand pas ; on n’y voit aujourd’hui que des gens fort insouciants, il est vrai ; souvent ils n’ont pas la force même de faire et de signer chaque jour les procès-verbaux de leurs séances. Mais bientôt les hommes nés vers 1790 arriveront dans ces assemblées, et tout changera de face.

Je pourrais remplir quatre pages de