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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

ment dite : celle-ci n’eut jamais rien de commun avec les Goths ; personne ne songeait plus à ces barbares en l’an 1200.

L’architecture romane, et après elle l’architecture gothique qui la fit oublier, employèrent un nombre presque infini d’ornements minutieux ; les formes de ces ornements varièrent à peu près tous les cinquante ans. Ainsi, si l’on veut se donner la peine de se mettre dans la mémoire les formes successives d’une vingtaine d’ornements prétentieusement baroques et minutieux, on pourra facilement passer pour savant aux yeux du vulgaire. En entrant pour la première fois dans une église, on s’écrie d’un air inspiré :

— Telle partie est du douzième siècle et telle autre du quatorzième ; ces gros piliers ronds, là-bas, sont du onzième. Pour peu qu’on ait de sûreté dans la mémoire, on peut souvent circonscrire la certitude de la date d’une construction dans un intervalle d’une cinquantaine d’années.

La perspective de pouvoir se donner un peu d’importance inspirera-t-elle le courage de lire les détails qui suivent ?

Le problème à résoudre est celui-ci :

En entrant dans une église, pouvoir lancer ces mots d’un air inspiré, ou mieux encore, d’un air grave, modeste et légè-