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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/434

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LA CATHÉDRALE

au milieu du palier de l’escalier tournant en bois, qui descend sous la grande porte de l’auberge. J’ai failli tomber. Cet escalier est d’une antiquité tellement vénérable, que j’ai craint que la rampe de bois en petites colonnes vermoulues, à laquelle je me suis retenu, ne me restât dans la main[1].

Je suis sorti de l’auberge, jurant tout haut, je l’avoue, contre les provinciaux. Je voulais aller à la cathédrale ; mais je serais mort, je crois, plutôt que de demander à un de ces braves gens quel chemin je devais suivre : je sentais qu’une réponse un peu trop ridicule me ferait tourner net dans une rue à gauche, où j’avais remarqué en arrivant la poste aux chevaux.

J’ai pensé que les gens du treizième siècle faisaient preuve d’un rare bon sens toutes les fois que ledit bon sens n’était pas éclipsé par la religion. Voulant bâtir une métropole célèbre au milieu d’une vaste plaine, ils auront choisi le point le plus élevé de la ville. Je me suis donc mis à remonter le cours des ruisseaux, au milieu de ces tristes rues formées tantôt par des

  1. Sur l’exemplaire Primoli cette note de la main de Beyle : « Le 7 octobre 1838. Premier jour froid de l’année. Je lis Bourges par M. Mérimée dans la Revue de Paris. Pierre vermoulue et autres inexactitudes de style. » N. D. L. É.