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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

sans fondations, et à l’activité du maire.

J’ai fini par le musée : ce sont trois petites chambres bien modestes, où l’on a rassemblé, comme dans une boutique de bric-à-brac, tout ce qui a rapport aux arts. Le conseil général berrichon frémirait à l’idée de donner quelque argent pour un objet futile. Toutefois, on trouve même à Bourges un savant qui s’occupe de numismatique avec zèle et science ; c’est M. Mater (je crois, premier président de la cour royale).

Dans ce pauvre petit musée, j’ai considéré longtemps et avec respect le portrait de Jacques Cœur ; il se trouve là pêle-mêle avec des cardinaux qui se donnèrent la peine de naître. Si jamais les habitants du Berry arrivent à cet excès de dépravation de dépenser de l’argent pour quelque chose qui ne rend aucun revenu, ils élèveront deux statues de bronze l’une à Jacques Cœur, l’autre à Louis XI, tous deux nés à Bourges et gens de talent.

J’oubliais la bibliothèque, qui est fort mal placée dans quelques salles humides de l’archevêché. Heureusement, monseigneur ne veut point de ce voisinage immonde. Du reste, ce sage prélat ne devrait point s’effrayer du progrès des lumières : j’ai trouvé trois lecteurs au milieu de tous ces vieux bouquins, plus propres à arrêter