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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/479

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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

Quand on ouvrit les billets, il se trouva que Dabo avait fait un rabais de sept pour cent, les autres faisaient des rabais inférieurs ; la route de Givry fut donc adjugée à Dabo. Il fut convenu qu’il se présenterait à la préfecture avec un rabais d’un pour cent ; que, pour la forme, deux ou trois des autres paraîtraient aussi à la séance, mais avec des rabais inférieurs, et qu’enfin Dabo, s’il obtenait l’adjudication, partagerait également avec les neuf autres le six pour cent de bénéfice sur le prix de la nouvelle route de Givry.

Le pauvre ingénieur Wambrée est encore jeune et honnête, il est indigné. Dès le lendemain matin, à cinq heures, il prend un cheval meilleur que le sien et court au chef-lieu. Il y arrive à dix heures du matin. Aussitôt il écrit à M. Volf, faisant fonctions de préfet, tout ce qu’il vient d’apprendre ; il le supplie de ne pas soumettre l’adjudication de la veille à l’approbation de M. le directeur général des ponts et chaussées, résidant dans la capitale.

Remarquez que, d’après la loi, toutes ces adjudications ne sont un engagement envers les adjudicataires que lorsqu’elles sont revêtues de l’approbation du directeur général. Le 14 septembre, à midi, le pauvre Wambrée envoie sa lettre à M. Volf ; le 15, M. Volf lui répond que les