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RAISONNEMENTS À LA TURGOT

des terres payant un impôt de plus de deux mille francs, devrait être portée en diminution sur les cotes au-dessous de cinq francs ; voici comment :

Un paysan qui paye six francs d’impôt foncier ne payerait que cinq francs s’il prouvait que lui ou un de ses enfants sait lire, que trois francs s’il prouvait que lui et deux de ses enfants savent lire. La lecture prouvée pourrait réduire toutes les cotes au-dessous de cinq francs à une somme qui serait fixée chaque année par un article du budget, basé sur la somme produite par l’impôt progressif.

Diminuer par l’impôt le revenu d’un père de famille qui a deux cent cinquante francs de rente et cinq enfants, c’est nuire à la population. L’imprudence et un préjugé religieux font créer des enfants qui, avant sept ou huit ans, meurent faute de nourriture suffisante. Ils seraient sauvés s’ils pouvaient manger de la viande une fois par semaine.

Or, la consommation totale de quatre enfants, qui meurent de misère à huit ans et qui ont été inutiles à la société (qui n’ont augmenté la valeur de rien par leur travail), équivaut à la consommation d’un robuste jeune homme de vingt ans qui est fort utile.

Toute humanité à part, il est de l’intérêt