Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/87

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L’ouvrier français du Nivernais n’a point l’opiniâtreté féroce de l’ouvrier de Birmingham, qui, avant tout, veut gagner son argent. Il est encore plus éloigné de la patience inaltérable, soigneuse et pleine de bonhomie des ouvriers du Hartz. (Il y a trois ans qu’à Gosslar l’on m’a donné un déjeuner à treize cents pieds sous terre. Les ouvriers entrent gaîment dans ce gouffre le lundi, et ne reviennent voir leurs femmes et leur village que le samedi soir. Il y eut jadis de graves inconvénients, lorsque les régiments français allant à Magdebourg étaient logés à Gosslar : les maris ensevelis dans les mines prétendirent se révolter.)

Je pourrais placer ici un mémoire de quatre pages sur les bois et les forges du Nivernais ; mais peut-être il intéresserait médiocrement le lecteur, et à coup sûr il serait taxé de jacobin ; car je proposerais des réformes, car je choquerais les riches propriétaires qui abusent du statu quo.

Les provinciaux de 1837 sont sévères en diable pour les gens riches, et j’avoue qu’il ne tiendrait qu’à ceux-ci de voir partout des ennemis.

Tout Français qui fait usage du fer paye deux francs par an pour que ces messieurs des forges puissent vendre leur