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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, III, 1929, éd. Martineau.djvu/292

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porain, à propos des sacrilèges : Il faut les renvoyer devant leur juge naturel ! Et cet autre mot, presque aussi célèbre : Pour gouverner un département, il ne faut que sept hommes (l’un desquels est le bourreau) !

Rien n'est atroce, du moins pour moi, comme les barbaries ordonnées sans colère et pour faire un exemple. J'ai entendu jadis, dans un salon célèbre, un général à la mode, témoin de la mort de Riégo, raconter cette mort en détail et se moquer longuement des cris perçants poussés par Riégo. (On vient de me raconter à Montpellier qu'il avait été empoisonné avec de l'opium et ne pouvait parler).

Telle est l'influence de l'architecture ; je n'aurais pas eu ces idées sombres si les rues de Béziers respiraient la civilisation, comme celles de Saint-Lô, par exemple.

En arrivant à Béziers, il faut demander la terrasse de la cathédrale, vue superbe sur les neuf écluses du canal de Languedoc. On voulait me conduire à la voûte de Malpas, mais je n'ai pas de temps. On me fait voir au coin d'une rue une statue informe célèbre dans le pays et que je n'ai guère examinée. Il y a une ruine romaine dans le jardin de la Croix-Blanche.

Ce soir, je viens d'être l'objet d'un trait d'exquise politesse de la part du maître du cabinet littéraire. Je lisais avec beau-