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SHAKSPEARE

marchands lâchent leur argent. La première chose qu’ils nous disent, c’est qu’ils n’en ont pas (visite à l’agent de change with Ouhéhié).

La scène où il quitte sa fille, la scène du jugement sont parfaites.

Mais il n’est point comique. Il ne se trompe nullement dans les moyens d’atteindre son but (pour moi comme Harpagon).

Nous pensons contre Johnson que les deux actions se nuisent, que l’épreuve des trois coffres est mal combinée. Il n’y a pas de quoi rire. Mais on peut sourire fortement aux signes répétés d’une passion qu’on croit deviner, et qu’on comprend en effet. Il y a une bêtise, c’est Gratiano dans la scène du jugement qui insulte Shylock qui lui répond avec une grande supériorité. Qu’Antonio méprise Shylock c’est naturel, mais il est bête à un de ses amis d’insulter celui qu’il doit chercher à fléchir.