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LA COMÉDIE

ennuyons, et quand nous sortons de l’ennui.

De même pour le rire, le sourire, etc., etc.

Étudier un gouvernement, c’est s’appliquer à le voir marcher. Delolme[1] voit marcher le gouvernement anglais. Ce qu’on aperçoit d’abord c’est la manière dont le roi agit dans ses actions difficiles, dans la déclaration d’une guerre par exemple.

En descendant jusqu’aux choses les plus fines on verrait la raison pour laquelle un ambitieux du comté de Sussex s’enivre avec ses voisins dans son village, de là la nature de l’ennui anglais, de là la nature de leurs beaux-arts.

L’ambitieux du département de la Drôme va à Valence, s’insinue dans toutes les affaires, flatte le Préfet, prend un air important, a une conduite privée pleine de froideur et de sagesse, ses opinions ne sont jamais tranchantes, il présente tant qu’il peut l’idée d’un bon cheval coupé qui a juste autant de force qu’il en faut pour exécuter ce qu’on veut lui faire faire, mais qui n’inquiète jamais par un excédent inutile.

Le degré d’esprit qu’il faut pour être un bon préfet est tout ce que doit montrer

  1. « Sur les pas de Montesquieu », incidente ajouté sur le manuscrit du tome 25 de R. 5896.