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Firmian écrivait le 27 avril 1767 en demandant des renseignements sur le jeune philosophe. Elle semble dictée par Fox. Il y a loin de là aux correspondances tenues par les polices actuelles au sujet des prétendus libéraux qui ont la témérité d’écrire.

Il eut la gloire de proposer en 1780 de tirer des mesures célestes le système métrique et la ville de Milan a la gloire d’avoir vu naître l’idée d’une des plus utiles institutions de notre glorieuse révolution.

Beccaria dit à ses compatriotes que la véritable éloquence n’a pas d’autre source que la précision et le nombre des idées. Jamais leçon ne fut plus perdue. Beccaria et les frères Verti firent l’ouvrage le plus utile à leur patrie : un journal intitulé Le Coffi, qui sans effrayer la mollesse et la paresse donnait des idées nouvelles et claires.

Ce journal, qui aujourd’hui conduirait bien certainement les auteurs en prison, jeta Beccaria dans les grandes charges de l’administration de son pays. Il fut vingt-cinq ans de suite le conseiller d’état le plus occupé et le plus occupé de grandes choses. Beccaria n’eut pas la consolation de voir renaître cette patrie qu’il avait tant aimée. Il finit en 1793, trois ans avant l’entrée de Bonaparte à Milan. Ce grand homme ne savait pas l’orthographe. Le roi de Naples lorsqu’il était à Milan se