Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/143

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me plaît, quand il est énergique, car il m’amuse.

Comme j’ai passé quinze ans à Paris, ce qui m’est le plus indifférent au monde, c’est une jolie femme française. Et souvent mon aversion pour le vulgaire et l’affecté m’entraîne au delà de l’indifférence.

Si je rencontre une jeune femme française et que, par malheur, elle soit bien élevée, je me rappelle sur-le-champ la maison paternelle et l’éducation de mes sœurs, je prévois tous ses mouvements et jusqu’aux plus fugitives nuances de ses pensées. C’est ce qui fait que j’aime beaucoup la mauvaise compagnie, où il y a plus d’imprévu. Autant que je me connais, voilà la fibre sur laquelle les hommes et les choses d’Italie sont venus frapper.

Qu’on juge de mes transports quand j’ai trouvé en Italie, sans qu’aucun voyageur m’en eût gâté le plaisir en m’avertissant, que c’était précisément dans la bonne compagnie qu’il y avait le plus d’imprévu. Ces gens singuliers ne sont arrêtés que par le manque de fortune et par l’impossible ; et s’il y a encore des préjugés, ce n’est que dans les basses classes.

Les femmes, en Italie, avec l’âme de feu que le ciel leur a donnée, reçoivent une éducation qui consiste dans la musique