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et lui dit : « Sais-tu ? Colonna est là. — Et où est-il ? — Dans le petit cabinet à côté de mon lit. » À ces mots, l’amant ne voulant pas se laisser bloquer dans le cabinet, sort assez mal en ordre. Qu’on se figure la mine de ces deux hommes, le mari violent et les pistolets chargés à la main, l’amant déconfit ! Tout se passa en plaisanterie, un peu forcée, je m’imagine. Comme l’amant s’en allait, et, à sa grande joie, se trouvait déjà dans l’antichambre, le mari le rappelle d’un air fort sérieux ; l’autre traverse tous ces grands salons sombres, éclairés chacun par une seule bougie. Le mari le rappelait pour lui faire cadeau d’un fort beau bassin de gibier que son garde-chasse venait de lui apporter à la campagne. Voulait-il se moquer de lui ? C’est ce que nous n’avons pas pu encore deviner. Mais voilà ce que j’appelle une idiote charmante : qu’on juge des femmes d’esprit !

Ici les moyens de plaire aux femmes par la conversation (l’esprit) sont donc très différents. Il n’y a de ressemblance qu’en deux choses, et l’essence de ces choses, quand elles sont libres, est d’être éternellement différente : c’est l’imagination et l’amour.

Tout homme qui conte clairement et avec feu des choses nouvelles, est sûr des