Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/154

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des petites villes, ne corrompt pas autant la société des marchands et des gens moins riches dont les femmes vont tout simplement au parterre, ou dans quelque loge empruntée.

La naissance ne fait rien pour être admis dans cette aristocratie de la Scala ; il ne faut absolument que de la fortune et un peu d’esprit. Il y a telle femme très noble qui se morfond dans sa loge avec son servant, et dont on se garde bien d’aller troubler le tête-à-tête. Ces femmes-là ne peuvent avoir des hommes un peu bien ; elles sont réduites à quelque espèce, ordinairement quelque cadet de grande famille, dont le frère a quatre-vingt mille livres de rente et qui, lui, a huit cents francs de pension et la table.

Dans quelques familles, très nobles et très antiques, j’ai distingué de certaines nuances qui tiennent encore aux mœurs des Espagnols, qui ont si longtemps opprimé et pollué ce beau pays, avec l’infâme administration de Philippe II.

C’est à ce prince exécrable et à ses successeurs qu’il faut attribuer tous les malheurs de l’Italie et la bêtise générale qui a succédé aux lauriers, qu’elle moissonnait dans tous les genres, avant l’an 1530. L’influence de Napoléon a fait tomber les idées espagnoles ; mais si le remède fut énergique, il a été trop court.