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gestes aussi animés et bien plus naturels que si elle eût été elle-même sur la scène. En général le dialogue aux Fantoccini est plus naturel d’intonation, plus riche et plus varié d’inflexion, que la déclamation mesurée des théâtres ordinaires ; la raison en est peut-être, outre la chaleur de l’improvisation, que ceux qui parlent n’ont point à faire attention au jeu de leur physionomie, aux mouvements de leur corps, les yeux de l’assemblée n’étant pas fixés sur eux. Cette dernière circonstance est particulièrement favorable à la comédie satirique. À la représentation de celle que je vous ai décrite, les jeunes gens chargés des rôles imitèrent non seulement l’accent des personnages, mais même la tournure de leurs idées, d’une manière vraiment admirable ; trois ou quatre d’entre nous avaient passé la première partie de la soirée avec ces graves et puissants personnages, qu’ils avaient ensuite le plaisir de voir représentés en petit. Cette espèce de comédie, lorsqu’elle n’est point une caricature, mais qu’elle est d’un comique gai, naturel et vrai, est, du moins à mon sens, un des plaisirs intellectuels les plus délicieux que l’on puisse goûter dans un pays comme celui-ci.

J’oubliais de vous dire que le principal acteur, ou, pour parler plus justement,