Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/251

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populaire à Rome et l’on jouira des agréments de la société romaine que je suppose l’une des plus agréables de l’Italie et dont les Anglais ne se doutent pas plus aujourd’hui que de la société de Constantinople.

Le dernier conclave qui a élu Léon XII n’a duré que vingt-sept jours et a produit huit cent quarante pages in-4o de satires. Je viens d’acheter fort cher ces satires manuscrites, formant deux volumes in-4o. Il y en a de charmantes ; plusieurs sont très gaies ; il est fort amusant de les entendre lire dans un cercle de Romains et surtout de les voir les expliquer à un étranger ; mais il va sans dire qu’il faut que cet étranger leur inspire beaucoup de confiance.

M. Demidoff, Russe fort riche et fort poli a une troupe de comédiens français assez bons. La première actrice est sa maîtresse. L’année dernière il donnait soirée et comédie tous les jeudis au Palais Ruspoli qu’il avait loué. Il avait l’esprit d’inviter toute la société romaine ; non seulement la haute noblesse mais même le mezzo ceto (la bourgeoisie riche). Dans un des vaudevilles du Gymnase de Paris que la troupe de M. Demidoff voulait jouer le nom de l’amoureux était Saint-Léon. On ne se figure pas le chagrin que ce nom a causé au premier Ministre le vieux Cardinal della Somaglia