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Première journée à Rome[1]



Àtrois ou quatre lieues de Rome, on commence à remarquer cette solitude parfaite, cette désolation sublime, dont tant de voyageurs ont parlé. Si jamais un grand roi, comme Napoléon, parvenait à rendre à la culture de l’Agro Romano, Rome perdrait les trois quarts de sa beauté. Je traverse des paysages admirables, c’est-à-dire tristes, tranquilles, grandioses, remuant l’âme profondément, et du souvenir desquels on ne peut plus se

  1. Ce fragment, probablement écrit pour la seconde édition de Rome, Naples et Florence du temps que Beyle la préparait à Paris sur d’anciennes notes a été placé par Colomb dans la Correspondance, sous la date erronée de 1825 ; on remarque notamment que Beyle y parle d’une visite à Canova qui était mort depuis octobre 1822, et du cardinal Consalvi mort l’année suivante. Colomb l’a fait précéder du préambule suivant :
    « À Romain Colomb, à Paris
    Rome, le 11 novembre 1825.

    Si quelque chose nous captive vivement, nous nous figurons qu’elle doit offrir un égal intérêt à tout le monde. Cette commune erreur, je la partage, peut-être, en ce moment, en t’envoyant quelques pages écrites sous l’impression de mon débotté à Rome. Quoi qu’il en soit, tu me sauras toujours gré de ce long souvenir, que tu pourras communiquer aux amis de l’illustre et savant voyageur » N. D. L. É.