Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/271

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mènent ; je leur ai promis de revenir dans un mois, toujours bien contrarié de trouver mon ménechme si peu galant, car je voyais des yeux superbes parmi les paysannes que je régalais. J’ai eu jusqu’à soixante ou quatre-vingts personnes autour de moi, et toujours adoré de tout le monde. J’étais assis sur le banc de la boutique du salamiere (du charcutier) et une barrière formée par deux chaises placées devant moi, empêchait la foule de m’opprimer. J’écrivis sur ce banc une attestation que me demanda Francesco, mon petit domestique ; mes successeurs pourront vérifier la vérité de cette aventure.

À Rome, au café del Greco, vià de’Condotti, on m’a présenté à mon ménechme qui était, sans doute, fort bien au moral, mais j’ai été choqué de le trouver si peu beau : c’est une leçon. Il est singulier combien l’homme le moins fat parvient encore à se faire illusion sur sa taille, sa figure. En se regardant pour mettre leur cravate, les gens mêmes qui voient des tableaux toute la journée finissent par faire abstraction totale des défauts.