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surrection royaliste. Plus tard, des mécontents poussés par le fanatisme religieux ou par celui qui prend sa source dans l’amour de la patrie, se réunirent à eux. Jamais peut-être résistance au joug étranger ne fut accompagnée d’une frénésie aussi sanguinaire. De part et d’autre on se combattait à outrance ; toutes les horreurs, toutes les cruautés d’une guerre civile ensanglantèrent ce malheureux pays. La troupe d’assassins que commandait Francatripa était alimentée par les bandits de la Sicile, que les Anglais débarquaient fréquemment sur les côtes (1807).

En Calabre, il est assez d’usage que la famille de celui qui a commis un meurtre offre de traiter avec celle de la victime. Si le prix demandé est trop élevé, qu’on ne puisse ou qu’on ne veuille pas l’accorder et que la plainte soit portée, une haine irréconciliable s’établit entre les deux familles, et il faut s’attendre à une longue suite de vengeances. Les paysans calabrais parlent encore avec orgueil de leurs ancêtres et de Scander-Beg, qui en 1443 déploya l’étendard de l’indépendance contre l’usurpateur de son patrimoine et le meurtrier de sa famille, le sultan Amurath.

Dépouillés de tous leurs droits civils et politiques, livres à la merci d’un arbitraire prétendu divin, les sujets du Saint-Père