Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/295

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étonnants, Fra-Diavolo tomba au milieu d’un détachement français ; il fut pris, jugé et pendu.

La bande dont le quartier-général se tenait dans les environs de Sonnino répandait la terreur, de Fondi à Rome ; ses chefs, Mazochi et Garbarone, étaient doués d’un infernal génie. La ruse qu’ils employèrent pour transporter dans leurs montagnes tous les élèves du séminaire de Terracina est vraiment incroyable.

Le digne ecclésiastique qui dirigeait cet établissement méditait depuis longtemps sur les moyens de mettre un terme aux crimes affreux que commettaient ces brigands. Un jour, emporté par son zèle, il met sa croix sur son épaule, gravit la montagne servant de repaire aux bandits, pénètre jusqu’au milieu de la troupe, et y plante le signe de la rédemption. Ce vertueux missionnaire leur rappelle vivement tous les maux qu’ils répandent sur la contrée ; il les conjure d’abandonner une profession si funeste ; il s’engage à leur faire accorder sans résistance ce qu’ils n’obtiennent que par le pillage et l’assassinat ; il dit enfin tout ce que sa philanthropie apostolique lui inspire de plus persuasif. Peu à peu les brigands paraissent touchés ; ils acceptent les propositions de l’ecclésiastique ; ils font plus, ils annoncent