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Calabre ; elle se composait de trente hommes et quatre femmes. Les propriétaires et les fermiers étaient ses principaux tributaires ; ils n’avaient garde de manquer à l’ordre qui leur était adressé de déposer tel jour, à telle heure, au pied d’un arbre ou d’un fût de colonne, la chose demandée. Un fermier cependant voulut se soustraire à ce dur vasselage. Au lieu donc de porter son tribut, il avertit l’autorité ; et des troupes à pied et à cheval cernèrent les indépendants. Voyant qu’ils étaient trahis, les brigands firent une trouée, en couvrant le terrain des cadavres de leurs ennemis. Trois jours après, ils tirèrent une vengeance des plus terribles de ce malheureux fermier. Après avoir été mis à la torture et condamné à mort, il fut lancé dans une immense chaudière où l’on faisait bouillir du lait pour les fromages, et les bandits obligèrent chacun de ses domestiques à manger un morceau du corps de leur maître.

Pendant la disette de 1817, le chef des Indépendants distribuait aux pauvres des bons sur les riches ; la ration était d’une livre et demie de pain pour un homme, d’une livre pour une femme, et du double lorsqu’elle était enceinte.

Une bande très entreprenante s’était cantonnée, en 1819, aux environs de Tivoli ; un jour elle enleva l’archiprêtre de Vico-