Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/307

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cet étrange sentiment ! c’est un des traits caractéristiques de ce peuple ; placez-le entre l’assassin et l’assassiné, il ne s’attendrit que sur les dangers que peut courir le premier. Vous l’entendrez dire, en voyant traîner en prison un homme qui a commis les crimes les plus atroces : « Poverino ! ha ammazzato un uomo ! » « Pauvre petit ! il a tué un homme ! » ou bien : « il a eu un malheur ».

Le peuple s’est familiarisé avec l’aspect de Barbone ; on le voit maintenant sans étonnement, mais toujours avec admiration, se promener dans les rues de Rome ; il les parcourt avec la sécurité d’un homme de bien et tout le calme d’une bonne conscience.

Aux noms des brigands qui se sont acquis une triste célébrité, il faut ajouter encore ceux de Stefano Spadoloni ; Pietro Mancino ; Gobertinco qui, à ce qu’on assure, tua neuf cent soixante et dix personnes et mourut avec le regret de n’avoir pas assez vécu pour accomplir le vœu qu’il avait fait d’en tuer mille ; Angelo del Duca ; Oronzo Albegna, qui tua son père, sa mère, deux frères et une sœur encore au berceau ; Veneranda Porta et Stefano Fantini de Venise. L’existence des bandits en Italie n’est point, au surplus, comme on pourrait le