En parcourant les rangs divers, distingués chacun par les décorations de leur cour, et jouant la pompe et les prétentions des majestés respectives qui les avaient choisis pour organes ou pour masques, je passai en revue l’armée entière des ministres pro tempore et plénipotentiaires. Et comme je regrettais l’absence de Niebuhr (mal représenté par Bartoldi, le ci-devant juif) et que je souriais de l’activité pétulante du chancelant cardinal de Heflin, ministre bavarois, de la lourde étourderie de l’envoyé de Wurtemberg, et de la grave confortabilité de celui de Hollande, j’entendis tout à coup annoncer, suivi d’une éclatante et nombreuse suite, l’ambassadeur autrichien, le comte d’Apponyi.
Dans des circonstances ordinaires, un ambassadeur d’Autriche aura toujours à Rome quelque os à ronger : d’abord la garnison de Ferrare, pro forma, à discipliner convenablement et à entretenir « pour la protection de sa sainteté », puis les bataillons allemands à envoyer à l’engrais dans les pâturages de la campagne felice ; à maintenir sous un nouveau nom la vieille querelle de la papauté et de l’empire ; à veiller à ce qu’aucun milanais ou vénitien ne puisse usurper un évêché dans sa ville natale ; à ce qu’un nonce obstiné, comme Severoli, ne parvienne pas à se glisser dans