Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/335

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manquer d’occuper une haute situation et d’exercer en dépit de l’Autriche, une influence assez étendue dans la capitale de la chrétienté. Cependant cette suprématie serait plus volontiers et plus généralement reconnue, s’il voulait moins l’imposer : jusqu’aux plus vils et aux plus faibles courtisans se révoltent contre un orgueil qu’on aurait à peine toléré dans le représentant du Charlemagne moderne. Les modifications au concordat de Napoléon exigeaient sans doute les talents d’un habile ambassadeur, mais il y avait d’autres motifs plus forts pour faire choisir Blacas. Compagnon du comte de Lille dans sa petite cour d’Angleterre, il fut récompensé par le roi lors de la restauration, pour ses services réels ou supposés, par une part spéciale de faveurs ; mais la catastrophe du 12 mars et la fuite de Paris, attribuées en grande partie aux fautes de Blacas, même par les gens de son opinion, dissipèrent les prospérités ; et, à la seconde restauration, son protecteur fut obligé de satisfaire la rumeur publique en lui accordant un exil honorable pour quelques années. Le comte de Blacas quitta donc ses charges de « premier gentilhomme de la maison du roi » pour l’ambassade de Rome, n’emportant d’autres regrets que ceux de son souverain. Son départ n’était