Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/35

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dans lequel le grand Rameau serait même pour nous un modèle à suivre ;

» De cette finesse de tact par laquelle ils ont découvert que les Italiens (moins habiles qu’eux quant aux principes raisonnés de l’art et naturellement abandonnés aux désordres de l’imagination) semblent nés avec un penchant à la négligence qui ne leur permet de viser qu’à l’effet ;

» De ce que la musique italienne ne comporte ni variété, ni ordonnance, ni distribution ;

» De la bonté qu’ils ont de nous avertir que le récitatif français tient au genre de la déclamation dramatique, au lieu que le nôtre n’a qu’une espèce de vérité accompagnée d’un air roide et sauvage, que le bon goût n’a jamais dicté, et que nous le chantons de la même manière dont parlent les matelots, ou dont les crocheteurs crient sur le port de Venise ;

» De cette surabondance de sentiment, qui leur dit que Senailler, Leclerc, Talleman, et autres aussi connus, ont fait de la musique italienne, tandis que Jomelli, Hasse, Terradeglias et Pergolèse n’ont fait que de la musique instrumentale ;

» De cette naïveté avec laquelle ils avouent que le chant français est d’un ton si naturel, qu’on n’a rien à y désirer du côté de l’expression, et que cet air,