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au xvie siècle laissaient passer tout ce qui n’est qu’indécent comme le prouve longuement le dictionnaire de la Grusca.

Il y a à Milan, en 1818, un journal littéraire qui se publie tous les trois mois comme l’Edinburgh-Review. Comparez le journal écossais à la Bibiloteca italiana, vous voyez bien que tout ce qui a quelque génie en Italie aimerait mieux se couper le poing que d’écrire.

Écrire n’est plus un moyen de satisfaire son âme[1], et il n’est en Italie aucune âme un peu bien née qui trouve quelque soulagement à parcourir la production du jour.

Un libraire homme d’esprit me disait qu’à Milan, ville de 120.000 âmes, on ne peut jamais vendre plus de cent exemplaires du livre le plus à la mode. Dans chaque petite ville de 6 à 10.000 âmes on en vend quatre à cinq. À Venise un livre à la mode se vend à mille exemplaires. Pour tout bon livre on peut toujours compter sur un débit de trois cents exemplaires en Sicile.

Toute cette organisation intérieure de la littérature n’est point à mépriser. Jamais

  1. 23 février 1818.