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8 août 1818.


Nouvelle organisation de la Scala



Depuis 1814 on donne assez souvent de mauvais spectacles à la Scala ; c’est que l’entreprise n’a presque pas d’intérêt à en donner de bons. Cette entreprise est composée de huit ou dix riches voluptueux qui avant 1796 perdaient chacun huit ou dix mille francs chaque année. On dit qu’aujourd’hui ils ne perdent plus. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’ils ont le droit exclusif et très exclusif de se trouver dans les coulisses au milieu d’un sérail et d’un sérail le plus agréable de tous parce que d’après les usages d’Italie il se renouvelle presque entièrement à chaque saison. D’ailleurs les sultanes joignent souvent le charme du caprice à celui de la beauté. La charmante danseuse Maria Conti faisait donner au diable le prince B., gouverneur général du Piémont, qu’elle trouvait moins aimable qu’un jeune garde d’honneur. Loin de nier le garde d’honneur elle parlait souvent de lui au prince et le menaçait de ne jamais le revoir si le garde d’honneur recevait le moindre dommage. On