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Page:Stendhal - Pensées, I, 1931, éd. Martineau.djvu/320

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filosofia nova

à Corneille et Michel-Ange (je suppose Michel-Ange tel que je l’imagine) ? C’est par vanité. Moi-même, à mesure que je deviens plus semblable à ceux qui m’entourent, ce que j’appelle plus raisonnable, je sens que j’aime mieux le gracieux que le grand, le poids de l’admiration m’importune.

*

Suard dit que La Bruyère a peint l’effet que l’homme fait dans la société, Montaigne l’impression qu’il en reçoit, Vauvenargues la disposition qu’il y porte. Cela me semble juste.

*

Tâcher de me défaire des préjugés que m’a donnés J.-J. Rousseau et il m’en a donné beaucoup. Un mot d’Helvétius dans l’Homme m’a éclairé. St-Lambert était envieux de Jean-Jacques ; il outre l’opinion d’Helvétius, ce qui me le prouve. Heivétius dit donc que R[ousseau] a pris pour vérité tous les préjugés établis dans le monde et qu’excellent dans ses observations de détail, il ne vaut rien dans ses idées systématiques. Revoir cela. Le nombre des objets de mon admiration diminue chaque jour.