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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/119

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pensées

manière de leur dire qu’ils sont des ignorants à l’égard de l’auteur.

Prendre un ton de familiarité charmante. Le ton de Montaigne fait presque aujourd’hui tout son mérite. Perfectionner ce ton. L’amener à la familiarité du meilleur ton possible. Que mon livre s’il était dit en conversation n’eût pas le ton pédant.

Pour avoir un succès rapide auprès des gens du monde, il faut leur faire apercevoir de nouvelles qualités dans les objets dont leur tête est remplie. Pour cela leur parler de tous les objets de leurs conversations en style vif, tantôt coupé et plaisant, tantôt grand, mais toujours familier et jamais pédant.

Prouver mes principes en parcourant agréablement et en peu de mots (dans le genre perfectionné des Lettres persanes) tous les objets. Les principes très clairs en style facile. Dans les applications sauter quelques idées intermédiaires, ce qui donne un vernis de finesse.

*

J’aurai beau faire, si je ne montre pas une vanité que je n’ai pas dans ce livre, les gens du monde ne m’accorderont pas le bon ton et ce sera une vengeance. Ils entreverront que je ne suis pas vulné-