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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/129

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pensées

chez lui une passion régnante. Cette passion règne quelques jours, un mois, plusieurs mois, une année, plusieurs années. Dès qu’elle règne un deuxième jour, elle fait faire la même action si les circonstances ont resté les mêmes. Si les circonstances restent encore les mêmes le troisième jour, la même action se répète et l’habitude naît.

On ne trouve point de ressemblance parfaite ou d’identité 1o parce que les circonstances changent, 2o parce que à force de faire juger la tête la passion a de meilleurs moyens de parvenir.

Par exemple je vais chaque soir aux [Tuileries] pour remettre une lettre à Tullia. Si elle la reçoit, qu’elle y réponde et qu’elle m’apprenne qu’avant de venir aux Tuileries, elle va sur les coteaux de Montmartre, j’irai sans doute tous les soirs.

Ma passion restant la même l’habitude change avec les circonstances.

Si je découvre par mes raisonnements que je pourrais mieux lui faire remettre ma lettre par les domestiques de la maison, pas de doute que je n’aille tous les soirs rue T. pour tâcher de [la] leur porter pendant l’absence de leurs maîtres.

Les circonstances étant les mêmes (les choses existantes toujours dans le même