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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/239

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pensées

était si sévère qu’elle réduisait de mon temps beaucoup de soldats au désespoir. Il s’était établi entre eux une maxime affreuse ; ils se disaient les uns aux autres que le mieux était de mourir, mais que pour ne pas aller en enfer en se tuant eux-mêmes, il fallait assassiner quelque enfant que par là on envoyait au paradis (conséquence absolument naturelle de la religion chrétienne, et suivant laquelle on ne devrait chercher qu’à avoir des enfants, et à les tuer sitôt après le baptême), et ensuite aller se dénoncer soi-même, et que de cette sorte on avait le temps de demander pardon à Dieu avant d’être conduit au supplice. J’en ai vu beaucoup qui avaient adopté cette monstrueuse doctrine. Frédéric… défendit à tout prêtre d’approcher des criminels coupables de ces homicides. »

Ce fait est raconté par Thiébault qui sur cet article a la physionomie la plus véridique possible.

Les pages 144, 145 et suivantes de ce quatrième volume contiennent deux anecdotes, (le général percé de cinquante balles, le soldat français conspirateur), dont la deuxième est la plus intéressante que je connaisse. Lorsque je veux avoir des exemples d’un caractère et en chercher le maximum dans la nature, le chercher