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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/328

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filosofia nova

yeux dans un salon ou sous nos yeux dans une comédie, en nous supposant le même degré de connaissance des personnages dans les deux cas, produit-elle le même effet sur nous ?

Le degré de connaissance peut-il être le même ?

La même question pour la tragédie. La même action que nous verrions par les fenêtres des Tuileries se passer dans une des salles de ce palais, salle où les seuls conseillers d’état pourraient entrer, nous ferait-elle la même impression qu’au Théâtre Français ? En supposant la même pré-notion des personnages.

Par exemple l’exposition de Pompée ; le deuxième acte de Cinna.

Le degré de connaissance peut-il être le même ? Pour ici oui, à la première vue cependant.

Les préconnaissances qu’on a d’un personnage comique et d’un personnage tragique sont-elles de même nature ?

(Quant au degré oui. Mais les choses connues sont bien différentes.)

Nous ne connaissons des hommes que ce que nous avons eu ou que ce que nous avons intérêt de connaître. Nous ne savons pas du tout si Rodrigue était aimable, nous le supposons. Nous voyons au contraire que Dorante l’est beaucoup.