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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/349

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pensées

gens aimables de cette nation (Français), hait ceux qu’elle ne peut imiter, et d’autant que ses sarcasmes reçoivent quelquefois un juste salaire. Je n’ai pu tenir par exemple l’autre jour à une exclamation faite à côté de moi « O mon Dieu quand verrai-je donc, quand y aura-t-il ici un spectacle anglais ? Ah ! j’en mourrais de joie ! — Je désire, Mademoiselle, lui dis-je assez sèchement, que vous ayez besoin plus tôt que vous ne croyez d’un spectacle français. »

Et tous ceux que ses grands airs commencent à choquer de sourire ; et le prince Henri qui avait feint de ne pas l’entendre, de rire aux éclats ; elle rougit jusqu’au blanc des yeux, et ne dit plus mot.

*

h. La tragédie[1] est la peinture des grandes passions et doit plaire aux gens passionnés. La comédie est la peinture des ridicules et doit plaire aux gens du monde.

Je suis à la fois le créateur et le juge pour la première. Je créerai bien pour la seconde, mais qui jugera ?

Je n’ai pour point de comparaison que les ridicules et les plaisanteries que j’ai

  1. 11 thermidor XII.