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38 lEUVHES DE STENDHAL.

août. — Si rélranger qui entre dans Saint-Pierre entreprend 

de tout voir, il {>rend un mal à la tête fou^ et bientôt la satiété et la douleur rendent incapable de tout plaisir. Ne vous laissez aller que quelques instants à Tadmiration qu’inspire un monument si grand, si beau, si bien tenu, en un mot la plus belle église de la plus belle religion du monde. Regardez les deux admirables fontaines de la place ; Timagination la plus riante peut-elle se figurer rien de plus joli ? Gberchez dans réglise le tombeau de Clément XllI (Rezzonico), de Ganova. La piété du pape, la douleur des lions, la beauté du génie colossal, la simplicité de la figure de la Religion, méritent tous vos regards. Peut-être Ganova n’avaît-il pas Tàme assez sombre et assez forte pour inventer la tête de la Religion catholique ; peut-être aussi les formes élégantes, et surtout la pose du géuie colossal, rappellent-elles un peu la fatuité moderne. J’aime mieux les auges en demi-relief du tombeau des trois derniers Stuarts ; ce sont bien là ces génies bienfaisants, gracieux intermédiaires entre un pouvoir inexorable non moins qu’immense et un être aussi fî^ible que rhomme.

Près le tombeau des Stuarts se trouve la porte de Tescalier qui conduit sur les combles de Saint-Pierre. Montez, vous vous trouverez sur la place publique d’une petite ville. On parvient à la croix par un escalier qui rampe entre les deux calottes de la coupole. La vue que Ton a de l’intérieur de l’église au-dessous de soi est à faire frémir. En revenant vers la façade, derrière les statues colossales, on aperçoit dans le lointain la montagne d’Albanoi.’ Après cette vue si belle, descendez dans les souterrains, vous y trouverez le tombeau de i’infàme Alexandre VI, le seul homme qu’on ait pu croire une incarnatiq^i du diable.

En sortant de Saint- Pierre, voyez l’architecture du mur