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l’extrême chaleur, nous sommes toujours en mouvement, nous sommes comme affamés de tout voir, et rentrons, chaque soir, horriblement fatigués.

10 août. — Sortis de chez nous, ce matin, pour voir un monument célèbre, nous avons été arrêtés en route par une belle ruine, et ensuite par l’aspect d’un joli palais où nous sommes montés. Nous avons fini par errer presque à l’aventure. Nous avons goûté le bonheur d’être à Rome en toute liberté, et sans songer au devoir de voir.

La chaleur est extrême ; nous montons en voiture de bon matin ; vers les dix heures, nous nous réfugions dans quelque église, où nous trouvons de la fraîcheur et de l’obscurité. Assis en silence sur quelque banc de bois à dossier, la tête renversée et appuyée sur ce dossier, notre âme semble se dégager de tous ses liens terrestres, comme pour voir le beau face à face. Aujourd’hui nous nous sommes réfugiés à Saint-André della Valle, vis-à-vis les fresques du Dominiquin ; hier ce fut à Sainte-Praxède[1].

  1. Note manuscrite de l’exemplaire Crozet : « Pourquoi le Dominiquin n’est-il pas mis sur la ligne de Raphaël, de Corrége et de Titien ? Il fut pauvre et sans intrigue. Cet affreux défaut lui nuit même après deux siècles. Juin 1811. » N. D. L. E.