Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/66

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Romains la même objection qu’à Napoléon. Ils furent criminels quelquefois, mais jamais l’homme n’a été plus grand[1].

Quelle duperie de parler de ce qu’on aime ! Que peut-on gagner ? le plaisir d’être ému soi-même un instant par le reflet de l’émotion des autres. Mais un sot, piqué de vous voir parler tout seul, peut inventer un mot plaisant qui vient salir vos souvenirs. De là peut-être cette pudeur de la vraie passion que les âmes communes oublient d’imiter quand elles jouent la passion.

Il faudrait que le lecteur qui n’est pas à Rome eût la bonté de jeter les yeux sur une lithographie du Colysée (celle de M. Lesueur), ou du moins sur l’image qui est dans l’Encyclopédie.

L’on verra un théâtre ovale, d’une hauteur énorme, encore tout entier à l’extérieur du côté du nord, mais ruiné vers le midi[2] : il contenait cent sept mille spectateurs.

La façade extérieure décrit une ellipse immense ; elle est décorée de quatre ordres d’architecture : les deux étages

  1. Addition manuscrite sur l’exemplaire Crozet : « et l’on se sent disposé à mépriser les vaincus. » N. D. L. E.
  2. Addition manuscrite de l’exemplaire Crozet : « … ruiné vers le midi parce que pendant deux cents ans il a servi de carrière aux Farnèse, aux Barberini, à tous les neveux de pape qui bâtissaient un Palais. » N. D. L. E.