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RACINE ET SHAKSPEARE

publier dans ce journal, si amusant depuis quinze jours, deux articles par semaine contre les romantiques. Le lecteur a pris une idée de l’esprit voltairien, et de l’urbanité que M. de Jouy aurait portée dans cette discussion, par l’extrait de la Pandore que j’ai cité en note ; les propos des halles auraient bientôt embelli les colonnes du Journal des Débats. M. Andrieux nous a foudroyés incognito dans la Revue ; la prose de l’auteur du Trésor[1] paraissant aussi pâle que la gaieté de ses comédies, on aurait inséré dans les Débats sa fameuse satire contre les romantiques. Si, contre toute apparence, ce coup n’eût pas suffi pour les anéantir, l’élégant M. Villemain, tout joyeux d’avoir une petite pensée à mettre dans ses jolies phrases[2], n’eût pas refusé à l’Académie le secours de sa rhétorique.

Au lieu d’implorer l’esprit du successeur de Voltaire, ou la faconde si jolie de l’auteur de l’Histoire de Cromwell, l’Académie nous a dit par l’organe sec et dur de M. Auger :

« Un nouveau schisme se manifeste aujourd’hui. Beaucoup d’hommes élevés

  1. Andrieux. N. D. L. É.
  2. « Ce n’est rien que de faire de jolies phrases, » disait M. de T…, après avoir entendu le jeune professeur ; « il faut encore avoir quelque chose à mettre dedans. »