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RACINE ET SHAKSPEARE

mettent toutes choses à M. Lemercier, à M. Andrieux, à M. Raynouard et autres personnes sages ennemies du scandale.

2o Détrôner la gloire des premières représentations. En Italie, ces premières représentations sont presque entièrement sans importance. Tout opéra nouveau, quelque mauvais qu’il soit, se donne trois fois ; c’est le droit du maestro, vous dit-on. Le Barbier de Séville de Rossini ne fut pas achevé à Rome le premier jour, et ne triompha que le lendemain.

Ne serait-il pas raisonnable d’imposer à nos théâtres la loi de jouer trois fois les pièces nouvelles ? La toute-puissante police ne pourrait-elle pas exclure absolument les billets gratis de ces trois premières représentations ?

S’il était sage, le public qui se serait ennuyé le premier jour ne reviendrait pas le second. Mais que nous sommes loin, grand Dieu, de porter tant de tolérance dans la littérature ! Notre jeunesse, si libérale lorsqu’elle parle de charte, de jury, d’élections, etc., en un mot du pouvoir qu’elle n’a pas, et de l’usage qu’elle en ferait, devient aussi ridiculement despote que quelque petit ministre que ce soit, dès qu’elle a elle-même quelque pouvoir à exercer. Elle a au théâtre celui de siffler ; eh bien ! non-seulement elle siffle ce qui