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RACINE ET SHAKSPEARE

de revenir au génie de la gaieté, on reprendra les chefs-d’œuvre de Cimarosa, et seulement on priera Rossini, ou quelqu’un de ses élèves, de renforcer un peu l’harmonie des accompagnements.

Cet hiver, nos dames, en bâillant à mourir de tous les opera seria dont on nous a assommés, se consolaient de temps en temps en chantant : ci penserà il marito. Elles empruntaient ce souvenir au Rivale di se stesso, le seul opéra vraiment bouffe dont on nous ait régalés depuis longtemps.

Cet hiver la Camporesi che ci faceva sbadigliare col mezzo degli « Illinesi » aurait pu nous charmer par Don Giovanni, au moyen duquel madame Camporesi et Crivelli ont fait gagner dieci mila luigi à l’impresario de Londres. Le Matrimonio segreto est trop connu pour le donner de longtemps ; mais, enfin, c’est un opéra très comique, et l’on sait que Crivelli et madame Camporesi l’ont chanté avec succès à l’étranger. Donc, ils auraient chanté à peu près aussi passablement un autre opéra de Cimarosa, aussi comique et moins connu.

Je conclus ; nous avons assez de sérieux a casa, nous voulons du comique à la Scala. Il faudrait que la nova impresa fût obligée à donner alternativement un opera buffa et un opera seria. Cet hiver, pour nous égayer nous avions tous les soirs trois tragédies à la Scala[1].

  1. Gl’Illinesi, Acbar grand Mogol, ed Il ritorno del Pellegrino.