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DE QUELQUES OBJECTIONS

À la cour de Louis XIV, en 1670, au milieu de tant d’amers chagrins, d’espérances déçues, d’amitiés trahies, un seul ressort restait à ces âmes vaines et légères : l’anxiété du jeu, les transports du gain, l’horreur de la perte. Voir le profond ennui d’un Vardes ou d’un Bussy-Rabutin au fond de leur exil. N’être plus à la cour, c’était avoir tous les malheurs, tous les chagrins, sentir toutes les pointes de la civilisation d’alors, sans ce qui les faisait supporter. Il fallait, pour l’exilé, ou vivre avec des bourgeois, chose horrible, ou voir les courtisans du troisième ou quatrième ordre, qui venaient faire leur charge dans la province, et qui vous accordaient leur pitié. Le chef-d’œuvre de Louis XIV, le complément du système de Richelieu, fut de créer cet ennui de l’exil.

La cour de Louis XIV, pour qui sait la voir, ne fut jamais qu’une table de pharaon. Ce fut de telles gens que, dans l’intervalle de leurs parties, Molière se chargea d’amuser. Il y réussit comme un grand homme qu’il était, c’est-à-dire d’une manière à peu près parfaite. Les comédies qu’il présenta aux courtisans de l’homme-roi furent probablement les meilleures et les plus amusantes que l’on pût faire pour ces sortes de gens. Mais, en 1825, nous ne sommes plus ces sortes de gens. L’opinion est faite par des gens habitant Paris, et ayant plus de dix

    et les projets de M. le marquis de Sévigné, et de MM. de Grignan père et fils.