Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

PRÉFACE




Rien ne ressemble moins que nous aux marquis couverts d’habits brodés et de grandes perruques noires, coûtant mille écus, qui jugèrent, vers 1670, les pièces de Racine et de Molière.

Ces grands hommes cherchèrent à flatter le goût de ces marquis et travaillèrent pour eux.

Je prétends qu’il faut désormais faire des tragédies pour nous, jeunes gens raisonneurs, sérieux et un peu envieux, de l’an de grâce 1823. Ces tragédies-là doivent être en prose. De nos jours, le vers alexandrin n’est le plus souvent qu’un cache-sottise.

Les règnes de Charles VI, de Charles VII, du noble François Ier, doivent être féconds pour nous en tragédies nationales d’un intérêt profond et durable. Mais comment peindre avec quelque vérité les catastrophes sanglantes narrées par Philippe de Comines, et la chronique scandaleuse de Jean de Troyes, si le mot pistolet ne