Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
ROMANS ET NOUVELLES

s’écria-t-il, je suis chez une femme ! »

Un instant après, il trouva des jarretières garnies de dentelles d’argent. Il trouva sur un fauteuil une petite jupe de satin rose.

« C’est une jeune femme », s’écria-t-il avec transport, et sa curiosité fut si vivement excitée qu’il oublia tout à fait la crainte de finir par la prison, c’est-à-dire par la mort, qui était son sentiment dominant depuis qu’il avait tué ce jeune homme au milieu de la rue. Dans sa curiosité, le chevalier oublia tout à fait la crainte d’être pris pour un voleur. Il s’en allait, la bougie à la main, et son épée nue sur le bras gauche, ouvrant tous les tiroirs de la toilette. Il y trouvait un grand nombre de bijoux fort riches et de fort bon goût ; plusieurs cassettes fort élégantes avaient des inscriptions en langue italienne. « La maîtresse de cette chambre aura été à la cour, » se dit-il. Il trouva des gants excessivement petits, et qui avaient été portés. « Elle a des mains charmantes », se dit-il. Mais quelle ne fut pas sa joie lorsqu’il trouva une lettre.

« Ainsi cette chambre est occupée par une femme apparemment jeune et jolie. Un homme lui fait la cour, et ses hommages ne sont pas agréés. »

À peine notre héros ne fut-il plus animé