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LE CHEVALIER DE SAINT-ISMIER

par la curiosité qu’il se sentit horriblement fatigué. Afin de se donner le temps de voir la personne qui entrerait, il alla s’asseoir dans la ruelle de l’alcôve. Il comptait bien attendre en veillant la fin d’une aventure qui pouvait tourner fort mal pour lui, mais il s’endormit bien vite.

Il fut réveillé par la porte qu’ouvrait avec bruit la femme de chambre de la dame qui habitait en ce lieu.

« Allez vous coucher, dit-elle, je n’ai besoin de rien, mais je vous recommande par-dessus tout de venir me réveiller à l’instant si ma mère se trouve encore indisposée. »

Saint-Ismier, réveillé en sursaut, eût à peine le temps de comprendre ces paroles. Le rideau de l’alcôve s’ouvrit ; une jeune fille parut, tenant à la main la bougie qui éclairait la chambre. Une extrême épouvante se peignit dans ses traits lorsqu’elle aperçut un homme couvert de sang couché dans sa ruelle. Elle jeta un petit cri, s’appuya sur le lit, et comme Saint-Ismier se relevait précipitamment pour venir à son secours, sa terreur fut augmentée. Elle jeta un second cri plus vif, tomba tout à fait évanouie, la bougie tomba aussi et s’éteignit. L’étonnement qu’elle eût de voir un homme étendu sur le plancher avec des habits