Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE V




C
e Monsieur de K., attaché à la légation de Paris, avait dissipé sa fortune en cherchant à faire effet et n'eût pas été fâché d’épouser les millions de Mina. Il avait rendu plusieurs petits services à ces dames avant de faire de visite. Tout content il avait enfin obtenu la permission de les voir. Sur les motifs des visites, rien n'est moins difficile que la bonhomie allemande.

Après M. de K. ces dames n'avaient point d’autre connaissance que M. de Miossince, c'était un homme grave d’une cinquantaine d’années.

Le lendemain du fameux dîner avec les hommes à argent, M. de Miossince vint justement voir ces dames. Cette visite fut la première consolation réelle que reçut le cœur ulcéré de Mina. Mina fut morte de douleur plutôt que de dire un mot de ses douleurs de la veille à un autre être que sa mère. Ainsi M. de Miossince n'obtint aucune confidence à cet égard, mais son esprit pénétrant avait soup-