MINA DE VANGHEL
ina de Vanghel naquit dans le
pays de la philosophie et de
l’imagination, à Kœnigsberg. Vers
la fin de la campagne de France, en
1814, le général prussien comte de Vanghel
quitta brusquement la cour et l’armée.
Un soir, c’était à Craonne, en Champagne,
après un combat meurtrier où les troupes
sous ses ordres avaient arraché la victoire,
un doute assaillit son esprit : un
peuple a-t-il le droit de changer la manière intime et rationnelle suivant laquelle un autre peuple veut régler son existence matérielle et morale ? Préoccupé de cette
grande question, le général résolut de ne
plus tirer l’épée avant de l’avoir résolue ;
il se retira dans ses terres de Kœnigsberg.
Surveillé de près par la police de Berlin, le comte de Vanghel ne s’occupa que de ses méditations philosophiques et de sa fille unique, Mina. Peu d’années après, il mourut, jeune encore, laissant à sa fille une immense fortune, une mère faible et la disgrâce de la cour, — ce qui n’est pas