Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/278

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veillance de vos geôliers ; vingt mille hommes armés pour votre délivrance sont prêts à vous sauver des mains de vos ennemis ; comptez sur leur dévouement ; et, s’ils doivent verser pour vous jusqu’à la dernière goutte de leur sang, ils seront heureux de mourir martyrs d’une si belle cause.» Le pape lui-même s’abusait sur les projets de la France et ne soupçonnait pas l’imminence du danger ; il se contenta donc de témoigner à la députation toute sa reconnaissance.« Retirez-vous, leur dit-il, le temps d’agir n’est pas encore venu, quand vos services me seront nécessaires je vous le ferai savoir ; soyez tranquilles, je ne vous quitterai point ; jamaison n’oseraattenter à ma personne. » Ensuite il leur donna sa bénédiction, et, après leur avoir permis de lui baiser les pieds, il les congédia.

Le général Miollis voyait avec inquiétude les symptômes de l’agitation populaire ; et, pour déjouer les projets de résistance qui fermentaient sous ses yeux, il résolut de brusquer l’enlèvement du pape, et chargea de cette expéditiondélicate le général Radet, commandantde la gendarmerie. Comme le coup de main devait se faire pendant la nuit, il ordonna que tous les commissairesde police fussent à leur poste, que cent agents de