Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, I, 1928, éd. Martineau.djvu/281

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

attendait le moment fixé pour le départ. Quoi qu’il en soit, Sa Sainteté fit entrer le général et le maréchal des logis. Le général après avoir présenté ses respects au pape, lui dit : « VotreSainteté a cinq minutes pour se décider : il faut qu’elle signe ce traité (il contenait le serment de fidélité à l’empereur, la reconnaissance du Code Napoléon, et quelques articles moins importants), ou qu’elle parte immédiatement. » Le pape lut le traité, et pendant les cinq minutes il resta debout, faisant jouer sa tabatière entre ses doigts. Le maréchal des logis eut l’audace de lui demander une prise ; le pape lui présenta sa tabatière en souriant. « Voilà d’excellent tabac », s’écria le gendarme après l’avoir goûté ; le pape, sans lui répondre, lui fit signe d’en prendre un paquet qui se trouvait sur sa table. Les cinq minutes expirées, le général demanda au Saint-Père ce qu’il avait décidé : « De partir, répondit le pape ; mais je désire emmener avec moi mon secrétaire d’État et mon chambellan. » Le général y consentit, et des ordres furent donnés en conséquence : en même temps la grande porte du palais s’ouvrit pour laisser passer deux voitures de voyage, avec des chevaux de poste, escortés de six gendarmes, sous les armes. Le cardinal Gonsalvi arriva aussitôt, et