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LE CHEVALIER DE SAINT-ISMIER

ment, s’il en avait besoin. Il répéta une seconde fois le joli compliment qu’il avait inventé :

« Monsieur le comte, voulez-vous me permettre d’entrer ? »

Personne ne répondait. Il remarqua que la chambre était ornée avec la dernière magnificence. Les murs étaient recouverts de cuirs dorés relevés en bosse. Vis-à-vis de la porte, il y avait une magnifique armoire d’ébène avec une quantité de petites colonnes, dont les chapiteaux étaient de nacre de perles. Le lit était un peu sur la droite, les rideaux de damas rouge lui semblaient tirés. Il ne pouvait voir dans le lit. Celle des quatre colonnes qu’il apercevait était dorée ; deux génies, qui lui semblèrent en bronze doré, soutenaient de leurs bras élevés une petite table de jaune antique sur laquelle étaient deux chandeliers dorés, dans l’un desquels brûlait une bougie ; et ce qui ne laissa pas d’inquiéter beaucoup notre héros, c’était qu’auprès de cette bougie il aperçut distinctement cinq ou six bagues en diamant. Il avança, en répétant les plus beaux compliments ; il vit une cheminée ornée d’une magnifique glace de Venise, puis une table qui supportait une superbe toilette de tabis vert. Sur cette toilette il y avait encore des bagues et une montre