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CHAPITRE II




C
hacune des paroles de cette accusation, qui avait bien son fonds de vérité, était interrompue par des sanglots entrecoupés.

Il faut savoir que dès que Féder, dont la réputation comme peintre en miniature et comme amant inconsolable de sa première femme faisait des pas de géant, s’était vu quelques billets de mille francs, le génie du commerce s’était réveillé en lui. Dans sa première enfance, il avait appris chez son père l’art de spéculer et de tenir note des affaires conclues. Féder avait joué à la Bourse, puis fait des spéculations sur les cotons, sur les sucres, sur les eaux-de-vie, etc. ; il avait gagné beaucoup d’argent ; puis il perdit tout ce qu’il avait dans la crise américaine sur les cotons ; en un mot, il lui était resté, pour tout bénéfice de trois ans de travaux, le souvenir des émotions profondes que lui avaient données les pertes et les gains Ces alternatives avaient mûri son âme. et lui avaient appris à voir la vérité dans